C’est décidé, Arpiem créera un jour une montre
à la mémoire de Robert Benoist.

Robert Benoist nait en 1895. Fils du garde-chasse du Baron de Rothschild, il grandit aux confins de la région parisienne et entreprend une formation de mécanicien dès l’âge de 13 ans.
Mobilisé en 1914, il débute la 1ère mondiale dans l’infanterie et est rapidement reversé dans l’aviation où il deviendra pilote puis instructeur. De retour à la vie civile, Robert Benoist s’ennuie. Il assouvira son besoin de sensations dans l’automobile : dès 1920, il est chargé de la mise au point des cyclo-cars chez Moray, qu’il engage en compétition automobile, puis chez Samson.
En 1924, Louis Delage le remarque en course et décide de s’attacher ses services. La première grande victoire arrivera dès 1925, avec le Grand Prix de l’ACF à Monthléry. C’est pendant cette course qu’Antonio Ascari perdra la vie. Benoist attirera l’attention et gagnera sa popularité en allant déposer sa couronne de vainqueur à l’endroit de l’accident d’Ascari.
En 1926, Delage fait débuter le modèle 15S8, très en avance sur son époque avec son centre de gravité situé très bas et son magnifique moteur V8. 1927 sera l’année de tous les succès : Robert Benoist s’impose à l’occasion des GP de Brooklands, de Monthléry, de San Sébastian et de Monza. Delage est sacré Champion du Monde des Constructeurs, Benoist reçoit le titre honorifique de Champion du Monde des pilotes, car seul le titre des constructeurs est décerné à cette époque. Exsangue financièrement à cause de ses investissements en compétition, Delage se retire à l’issue de cette saison 1927.

Dès lors, Benoist s’alignera en course de manière plus épisodique. En 1929, il devient directeur du nouveau Grand Garage de Banville, situé près de la place Pereire dans le 17ème arrondissement de Paris. Ce garage est un véritable paquebot échoué à terre; développant une surface totale de plus de 20 000m², il s’étend sur 7 niveaux, 2 en sous-sol et 5 en élévation, tous reliés bien sûr par de larges rampes de circulation. Sur le toit on retrouve 3 terrains de tennis, 1 putting green de golf, un gymnase et un restaurant !
Benoist imagine pour son inauguration la course automobile la plus improbable qui n’ait jamais été organisée : la COURSE DE COTE DU GRAND GARAGE BANVILLE. Soit 600 mètres de parcours à travers les différents niveaux du garage. L’affaire fait grand bruit. 15 voitures participent, mais Benoist renoncera à faire chronométrer les montées, craignant qu’un pilote trop optimiste ne bascule dans le vide. Il y a 100 ans, le mot « événementiel » avait déjà toute sa signification ! (n’oubliez pas que c’est en 1925 qu’André Citroën illumina de son nom la Tour Eiffel…).

Puis Benoist rejoint Bugatti, d’abord en tant que directeur du magasin parisien des Champs Elysées, puis comme responsable de la compétition. Ettore Bugatti souhaite s’attaquer aux 24 heures du Mans et lui confie l’aventure. Il s’y imposera en 1937 avec son coéquipier Jean Pierre Wimille, au volant de la fameuse Bugatti 57G, surnommée « le tank ». Robert Benoist raccroche le casque définitivement à l’issue de cette course gagnée.

Survient la seconde guerre mondiale. C’est la débâcle, et avec son compère Jean Pierre Wimille, il rejoint l’Angleterre où tous deux sont recrutés en tant qu’agents secrets par le SEO (Special Operations Executive). La mission de Benoist est de récupérer des parachutages d’armes, de créer et organiser des groupes en France susceptibles d’effectuer des sabotages pour le compte des alliés.
Arrêté deux fois par la Gestapo, Robert Benoist parvient à s’évader à deux reprises dans les premières minutes suivant son interpellation et à rejoindre l’Angleterre. La troisième arrestation, alors qu’il visite sa mère mourante à Paris lui sera fatale. Il est déporté à Buchenwald où il sera assassiné, pendu le 9 septembre 1944.
N’étant pas affilié à la France Libre mais au gouvernement britannique, Robert Benoist ne recevra pas les honneurs et la considération qu’il aurait mérité.
Décidément, les chaos du 20ème siècle ont créé des destinées incroyables.